Accueil › Actualités › 3 décembre 2014 Interview d’Eric Proust, co-référent de la formation “régisseur plateau” Eric Proust est co-référent de la formation “Régisseur de spectacle option plateau” aux côtés de Christophe Doubliez depuis 2013. Ancien régisseur plateau, il est aujourd’hui un régisseur général connu et reconnu dans la profession. Nous avons tenu à en savoir plus sur son parcours et sa conception du métier de régisseur plateau. Précédent (x2) Précédent Suivant Suivant (x2) Plein écran CFA : En préambule, pourriez-vous décrire votre parcours professionnel ? EP : J’ai commencé à travailler au début des années 80 comme technicien dans des compagnies. C’était une époque où le travail au sein d’une compagnie se faisait de façon collective. J’étais souvent le seul technicien, il y avait les comédiens, et tout le reste de l’activité était partagé : la construction de décors, les costumes, la comptabilité, la recherche de salles, le contact avec les journalistes… C’était très enrichissant, je m’intéressais un peu à tout. Fort de mon parcours de machiniste et de régisseur plateau ayant touché un peu à tout, on m’a ensuite proposé de faire de la régie générale car j’avais une connaissance générale et assez large du fonctionnement d’une équipe. CFA : Vous avez travaillé dans quelles structures ? EP : Nanterre Amandiers, le festival d’art lyrique d’Aix, le Quartz à Brest, le festival d’Avignon, etc. Et aussi pour beaucoup de compagnies. Je suis plus un régisseur général de création que d’accueil. CFA : Vous avez rejoint l’équipe du CFPTS en 2013 en tant que co-référent de la formation de régisseur plateau. Pouvez-vous nous en dire plus sur les missions qui vous ont été confiées ? EP : Mon point de vue serait plutôt celui d’un pratiquant puisque je suis toujours en activité. Le but étant bien sûr de mettre en adéquation l’apprentissage avec la pratique quotidienne. J’ai aussi un regard de régisseur général, et donc une approche globale. Par exemple, lors de mon intervention auprès de la promo 14 des apprentis régisseurs sur le spectacle de Pierre Lespagnol, je me suis vraiment attaché à faire en sorte que les 3 corps de métiers que sont la lumière, le son et le plateau travaillent ensemble et qu’une vraie communication s’instaure entre eux. Le fait d’échanger et de resituer son travail par rapport à celui des autres est une qualité essentielle pour un régisseur plateau, le plateau étant le lieu de convergence de tous les corps de métier. CFA : Avant de parler des qualités requises pour être un bon régisseur, pourriez-vous me donner une définition du métier de régisseur plateau ? EP : Le régisseur plateau, c’est celui qui organise le plateau. Il n’est pas seulement responsable du montage et des mouvements des décors, il doit pouvoir comprendre une maquette, un plan. C’est lui qui encadre l’équipe chargée du montage et du démontage des décors. Il doit aussi avoir une bonne compréhension des questions de sécurité des uns et des autres, c’est incontournable. CFA : Et un bon régisseur plateau ? EP : La première qualité que l’on doit rencontrer chez un régisseur plateau, c’est sa capacité à comprendre qu’il est responsable d’un volume, d’une surface, et donc de toute intervention qui y aura lieu. De ce fait, il sera le plus sollicité. Un régisseur plateau doit aussi prendre le temps de faire du « travail de bureau » : réfléchir autour d’un plan, d’une maquette, pour en comprendre son volume, les pièges du décor. Quand on a longtemps travaillé sur des plans avec un scénario de travail, une fois le décor monté, on est tout de suite confronté à la traduction de nos réflexions et on peut voir si nos procédures étaient les bonnes. CFA : On peut aussi imaginer qu’il faut avoir un bon sens de l’organisation ? EP : Bien sûr. Un bon régisseur plateau est un bon organisateur, quelqu’un qui doit savoir faire preuve de réactivité et qui soit doté d’une bonne faculté d’anticipation. Quelqu’un qui sait bien organiser le travail saura toujours s’adapter à un changement de situation imprévu. La notion de planification aussi est essentielle. Tout comme la répartition du travail : savoir combien de personnes travailleront à telle tâche et pendant combien de temps. C’est un vrai exercice. Si on met 6 personnes sur telle mission, il faut anticiper le moment où il y aura un certain relâchement pour certains et pouvoir transférer ce travail vers les autres membres de l’équipe. C’est aussi un vrai travail d’observation de la dynamique d’une équipe. Le fait d’observer cette dynamique doit être un jeu, ça doit être jubilatoire. Personnellement, j’y prends beaucoup de plaisir. Imaginer des procédures, planifier, et voir un travail se réaliser en respectant les échéances, c’est jubilatoire, c’est un gage de réussite. CFA : Vous parliez du plateau comme d’un lieu de convergence des corps de métier, et de la nécessité, pour le régisseur plateau, d’en avoir une approche globale. Le régisseur plateau n’est-il pas, malgré lui, un régisseur général en devenir ? EP : En effet. Ce sont souvent les bons régisseurs plateau qui font de bons régisseurs généraux. Le fait d’avoir la responsabilité d’un espace clairement défini fait qu’on est obligé d’avoir une approche globale et de se préoccuper des uns et des autres. En tout cas, il est clair que le plateau occupe une place centrale, les procédures de travail sont très influencées par le plateau. CFA : Au-delà des diplômes requis, quelles sont, selon vous, les qualités requises pour postuler à la formation de régisseur plateau ? EP : Une certaine aptitude manuelle mais je parlerais plus d’appétit, de curiosité, car c’est ce qui peut compenser un manque d’aptitude manuelle. Tout s’apprend, tout s’acquiert quand on a la curiosité pour moteur.